"Ma mission est remplie, car j'ai réussi à sortir le syndicalisme agricole français de sa vision corporatiste, même si j'ai le regret de ne pas être arrivé à freiner l'hémorragie des paysans dans les campagnes", estime José Bové, dans un entretien à l'AFP, avant le congrès de la Confédération Paysanne qui se tient en Alsace mercredi et jeudi.
"J'ai réussi a insérer l'agriculture et l'alimentation dans le débat public et à les sortir de la seule sphère du monde agricole", se réjouit José Bové, son éternelle pipe à la bouche. Désormais, pour lui qui va devenir en juin membre du bureau de Via Campesina, en charge de la sécurité alimentaire, la tâche la plus importante est "d'organiser la résistance au libéralisme au niveau mondial".
Affirmant qu'il faut "nourrir les gens avec les produits des régions où ils habitent", José Bové veut lutter pour que "l'Organisation mondiale du commerce ne s'occupe plus d'agriculture car elle n'a pas vocation à définir les règles de soutien à l'agriculture dans les différents pays".
"L'agriculture ne doit pas servir d'échange pour que certains pays gagnent la bataille des services", ajoute le syndicaliste, parfois surnommé Astérix par la presse anglo-saxonne, alors que les discussions sur une relance des négociations agricoles, après l'échec de Cancun à l'automne 2003, ont repris le mois dernier à Genève.
"Le libéralisme veut démanteler les organisations de marché alors qu'il faudrait une protection renforcée pour des produits comme le café et le cacao", souligne-t-il, rappelant que plus de la moitié de la population active dans le monde travaille dans le secteur de l'agriculture.
Pour lui, "la souveraineneté alimentaire désigne le droit des populations et de leurs pays à définir leur politique agricole et alimentaire sans dumping vis-à-vis des pays tiers". Cette autre politique est possible, selon lui, "à condition que les Etats ou unions de pays aient le droit de taxer les importations à trop bas prix pour que les prix agricoles soient liés aux coûts de production".
José Bové, qui restera un militant de base de la Confédération Paysanne, avoue que son "meilleur souvenir" est le rassemblement des altermondialistes -un "succès qui a dépassé les espérances" - l'été dernier au Larzac, plateau du centre de la France où ce fils de chercheurs spécialisés dans les agrumes et petit-fils de maraîchers, s'était établi en 1976 comme éleveur de brebis. |